Dimanche 8 janvier, les partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro envahissent les principales institutions brésiliennes, le Palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême à Brasilia. Le Président Luiz Inacio Lula da Silva, investi depuis le 2 janvier 2023, décrit ces actions comme “des événements sans précédent dans l’histoire du Brésil.” Cette affaire ancre une fois de plus le pays dans une division profonde. Qu’en est-il deux semaines après ?
Dès le lundi 9 janvier, le nouveau ministre de la Justice, Flavio Dino, a déclaré lors d’une conférence de presse que la situation était sous contrôle. Au lendemain de l’attaque, les autorités déclarent avoir arrêté environ 1500 partisans ayant joué un rôle dans l’assaut des institutions brésiliennes. Le vendredi 20 janvier, une déclaration explique que le juge du Tribunal suprême fédéral a décidé de remettre en liberté 464 personnes alors que 942 personnes resteront en détention. Dans un premier temps, les personnes déclarées comme cas particulier, telles que les enfants, les femmes enceintes ou les personnes âgées sont libérés avant d’être entendus par la justice. En revanche, une partie des 942 personnes détenues reste en détention provisoire car la justice aurait des preuves d’actes de “terrorisme”, et jugerait avoir affaire “à une association de malfaiteurs, à l’abolition violente de l’Etat de droit et à un coup d’Etat.” Selon les juges, c’est une obligation de détenir ces personnes pour une durée indéterminée, cela est nécessaire pour “garantir l’ordre public et assurer l’efficacité des enquêtes”. Les 464 personnes sont néanmoins libérées sous les conditions suivantes : porter un bracelet électronique et interdiction de certains réseaux sociaux.
Quel rôle joue Bolsonaro?
Dans une série de tweets, l’ex-président dément toutes accusations d’implication et condamne “ les déprédations et invasions de bâtiments publics”. Cependant le vendredi 13 janvier, Alexandre de Moraes, le juge du Tribunal suprême fédéral brésilien, informe qu’il inclut Jair Bolsonaro dans l’enquête sur le chaos provoqué dans les trois principales institutions brésiliennes par ses partisans. En incluant l’ex-président, le Parquet général a l’intention de “clarifier l’investigation et le magistère moral des actes antidémocratiques” du dimanche 8 janvier.
Que fait le Président Luiz Inacio Lula da Silva?
Cette attaque est aussi liée à un problème de sécurité. Dans l’ancien mandat, la relation entre le Président et l’armée dans l’administration était très importante. Pour certains analystes, “la relation avec les forces armées est l’un des plus grands défis immédiats de Lula”. D’après certains journaux locaux, le Président est convaincu que les militaires ont pu soutenir ou aider des émeutiers à attaquer la capitale. C’est donc pour cela qu’il renvoie 40 militaires qui étaient assignés à la résidence présidentielle et le 21 janvier, ce dernier licencie le chef de l’armée, Julio César de Arruda. Cependant, le ministre explique qu’il n’y a pas eu “d’implication directe” de l’armée dans les émeutes à Brasilia. Une déclaration qui reste floue, qui n’explique pas clairement le rôle de l’armée dans cette attaque.
Au Brésil, la situation semble être sous son contrôle sur le plan sécuritaire. Pour le nouveau président, la gestion de la situation provoquée par ces événements pourrait être révélatrice de sa capacité à gouverner une crise démocratique.
Maya Dubos