Après l’annonce, mercredi 25 janvier, de l’envoi en Ukraine de chars Leopard allemand et Abrams américains, le gouvernement français se questionne sur l’envoi de char Leclerc. Kiev réclame des chars de combat afin de continuer la lutte contre les forces russes. Cependant, la France ne semble pas encore céder aux pressions de Kiev. Le ministère de la Défense ukrainien a ainsi publié mi-février sur Twitter une vidéo dans laquelle Kiev ironise sur les “questionnements philosophiques” des Français par rapport au potentiel envoi de chars Leclerc.
Des discussions ont lieu depuis plusieurs semaines entre l’Elysée et Volodymir Zelensky sur l’opportunité de fournir des chars de combat Leclerc aux forces ukrainiennes mais aucune décision n’a encore été prise. Ce qui est certain, c’est qu’aucune livraison rapide de Leclerc ne sera effectuée.
En revanche, depuis le début de la guerre, la France a livré différents armements à l’armée ukrainienne. Le gouvernement français a envoyé dix-huit canons Caesar de 155mm ainsi que plusieurs milliers d’obus. Ces obusiers réputés dans le monde entier pour leur maniabilité et leur efficacité donnent un avantage de taille à l’Ukraine. Quant aux canons Caesar, ils ont été prélevés sur la dotation de l’armée française. En outre, Paris assure la formation d’artilleurs ukrainiens au maniement des Caesar livrés. La France a également envoyé une quinzaine de canons TRF1 de 155mm, les prédécesseurs des canons Caesar.
Depuis le début de la guerre, sont aussi envoyés des missiles antichars. En effet, les tanks, véritable force de l’armée russe, sont au cœur de la guerre en Ukraine. Ainsi, l’envoi de missiles antichars tels que les MILAN, bijou de l’industrie française, permet aux Ukrainiens de rivaliser face aux chars russes. On constate donc que la France est un vrai soutien pour l’Ukraine grâce au don d’armement de pointe aux forces armées ukrainiennes. En revanche, l’envoi de chars de combat Leclerc marquerait une aide encore plus considérable et coûteuse de la part de la France.
Des véhicules motorisés, les VAB qui aident au transport de troupes et à la logistique, font bien partie de la liste du matériel lourd donné. Cependant l’envoi de chars Leclerc a posé plus de problèmes pour l’armée française. Des blindés légers comme les AMX-10RC ont néanmoins été envoyés à l’Ukraine à défaut d’envoyer des chars Leclerc.
Les semaines passent et l’état-major français semble de plus en plus réticent à l’envoi d’armement français. Certes, quasiment toutes les puissances occidentales envoient des armes à l’Ukraine, ainsi que des chars de combat, mais ces armes n’ont pas toutes la même valeur que ce soit au niveau économique ou technologique. Le général français Pellistrandi remarque que le matériel et les chars que nous envoyons sont bien plus récents et plus efficaces que ceux qu’envoient la Pologne ou l’Allemagne. Ils ne sont pas au prix d’un matériel neuf, de dernière génération ou en état de marche comme ceux que la France envoie.
La France a donc bien pris parti pour l’Ukraine dans cette guerre en envoyant des armements de dernière génération. Le fait que la France soit dans l’OTAN et l’Union Européenne peut expliquer l’envoi d’armes pour l’Ukraine. En effet, l’UE tente de garder un front uni contre la Russie dans cette guerre. Rares sont les pays de l’UE affichant une véritable neutralité. Seules la Hongrie et la Bulgarie ont su ne pas plier aux pressions de l’UE quant à l’envoi d’armes en direction de Kiev. Le gouvernement français n’a donc pas su résister face aux pressions de l’UE et de Washington.
En outre l’envoi d’armement est un problème pour l’armée française. Envoyer dix-huit canons Caesar sur la dotation de l’armée française qui n’est que de soixante-seize représente un véritable problème, tout comme l’envoi de nos missiles MILAN, nos blindés légers, nos VAB et peut-être nos chars Leclerc. Les régiments français ne peuvent même pas tous avoir des formations sur ces équipements mais malgré cela, Paris en envoie à l’Ukraine. Cela entraîne un manque de formation donc de puissance de frappe de l’armée française. Dans le cas d’attaque du territoire français par des puissances étrangères, la France pourrait avoir du mal à correctement se défendre. Une part importante des équipements de l’armée française aura été donnée et l’armée devra utiliser du matériel déclassé, qui n’est plus à la pointe de la technologie. De plus, la France ne possède que huit-cent-soixante-seize chars Leclerc et encore moins de Leclerc XLR qui ont été modernisés. L’envoi de toutes ces armes et équipements constitue un certain désarmement de la France.
Pour le moment aucun char Leclerc n’est envoyé à l’Ukraine. Emmanuel Macron semble vouloir limiter l’envoi d’équipements lourds en Ukraine. Il a d’ailleurs refusé nettement d’envoyer des avions de chasse Rafale. Le gouvernement français semble donc avoir conscience des enjeux que représente l’envoi considérable d’armements.
Jules Bachmann