La France depuis les années 2000, est le pays qui, au niveau mondial, a perdu le plus de parts de marché en matière agricole. En 2020, c’est 605 agriculteurs français qui se sont suicidés, ce qui correspond à presque 2 agriculteurs par jour.
L’agriculture : facteur clé pour les décennies à venir
Dans un monde complexe qui fait face à des enjeux stratégiques toujours plus diversifiés, comme le réchauffement climatique et l’accroissement de la population mondiale, les agriculteurs sont redevenus des acteurs clés du changement.
Accès aux terres et à l’eau, répartition des richesses, risques environnementaux et crise économique : l’agriculture est pourtant au centre de très nombreuses problématiques géopolitiques contemporaines. La raréfaction des ressources et l’évolution de la consommation à l’échelle mondiale, engendrent plus que jamais tensions et hostilités autour de la question agricole.
Les terres émergées représentent 28 % de la planète. Mais sur ces terres-là seulement 22 % sont estimées comme cultivables et uniquement 3 % sont considérées comme étant « à fertilité élevée ». En effet, pour qu’une terre agricole soit considérée comme fertile, il lui faut l’accès à l’eau douce pour irriguer les cultures ou nourrir le bétail ainsi qu’un climat et une topographie propices.
Heureusement la France possède des terres arables propices à différentes formes de culture et d’élevage, comme le vin, les champs de céréales ainsi que les multiples élevages. Depuis des décennies, la France est le premier pays exportateur européen en matière agricole. Les vins français, l’armagnac, le champagne, sont connus de Brest à Vladivostok, de New-York à Pékin. Malgré ce rayonnement mondial et cette diversité culturale que connaît la France, un profond malaise persiste dans le milieu agricole.
Agriculture en France : une situation critique
Malgré le fait que la France est une des places fortes mondiales en matière agricole, sa place est en train de vaciller. Selon un rapport du Sénat de 2021, sur l’état agricole français, une stagnation de la production agricole française est observée, tandis que celle des concurrents augmente. Ce dernier observe une perte du nombre d’agriculteurs significative. Les causes principales rapportées seraient : une situation économique complexe dans plusieurs secteurs agricoles, des suicides journaliers et un vieillissement de la population agricole. Il note également dans son rapport la perte de surface agricole. Une diminution de 17% de la Surface Agricole Utile (SAU) est aussi observée depuis 1961. Ces problèmes, s’ils s’aggravent, risqueraient de faire disparaître l’excédent commercial français, selon le Sénat. Le problème de l’augmentation des importations agricoles et alimentaires, est également posé. En effet celles-ci ne respectent pas toujours les normes de production exigées en France. Cela peut donc poser des problèmes d’atteinte à la sécurité alimentaire ainsi qu’une atteinte à la compétitivité économique des agriculteurs français.
La France et l’Europe : des soutiens peu fiables
Dans les années 60, la Cour économique européenne crée la Politique Agricole Commune. La PAC repose sur deux piliers. Le premier pilier correspond au dispositif de soutien à l’agriculture. Il a deux objectifs, le soutien du revenu des agriculteurs européens et une production agricole compétitive. Ce pilier est entièrement financé par l’UE mais les états peuvent co-financer des dispositifs. Le deuxième pilier renvoie au Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) qui est un fond structurel permettant de moderniser et d’investir dans le but d’augmenter les standards de production.
Concrètement, la PAC garantissait des prix qui étaient supérieurs aux prix mondiaux. Par conséquent, la Communauté européenne était protectionniste en matière agricole. La PAC dans les années 60-70, a permis d’accroître la production, de satisfaire les besoins alimentaires des populations, d’inciter les agriculteurs à s’organiser et d’introduire plus de mécanisation, de génétique et de moyens techniques.
Mais depuis les années 90, la PAC a abandonné son protectionnisme en matière agricole. De nouveaux critères apparaissent, notamment environnementaux. Les aides ne sont plus accordées en fonction du type et de la quantité de production mais en fonction de la surface de l’exploitation ou du nombre de têtes de bétail. C’est donc devenu un mécanisme de subventions reposant sur l’octroi d’aides en fonction de la surface exploitée. Ce mécanisme a conduit à une diminution du nombre d’exploitations et à une spécialisation poussée à outrance. Cette spécialisation a engendré une conséquence agronomique majeure et a dû être corrigé par une utilisation intensive d’engrais et de pesticides.
La nouvelle PAC impose aux agriculteurs le respect de pratiques agronomiques exigeantes. Selon les syndicats agricoles, ces nouvelles mesures auraient un impact important sur la rentabilité des exploitations agricoles. La PAC serait devenue un système trop normatif qui accorde des aides uniquement si ces dernières respectent un nombre important de règlements. Les agriculteurs ont donc une faible marge de manœuvre face à la multiplication de ces nouvelles normes et peine à recevoir les aides de la PAC.
Jules B.