Le 12 octobre dernier, Emmanuel Macron a affirmé que la France ne répondrait pas par l’utilisation de l’arme nucléaire en cas d’une attaque nucléaire tactique russe, sur le sol ukrainien. Une phrase qui a semé le doute dans le milieu de la défense. Cette décision du président Macron est un réel tournant dans la politique étrangère française.
La belle histoire de la politique internationale de la France a permis de construire la puissance de cette dernière ainsi que de vivre de grandes expériences.
La France, à travers les conflictualités qui l’ont menacées pendant le XVIe et XVIIIe siècle, a cherché à protéger ses intérêts vitaux et son territoire. Elle a parfois dû faire des alliances qui se sont avérées contradictoires sur le plan culturel ou religieux. C’est le cas en 1536, avec l’alliance Franco-Ottomane visant à contrer la montée en puissance de l’empire Habsbourg. C’est aussi le jeu de revers que Richelieu a mené pendant la guerre de Trente ans en aidant le Royaume de Suède, ainsi que plusieurs principautés protestantes, face à la domination Autrichienne. Ces visions qualifiées de réalistes ne le seront pas toujours. La politique extérieure française a aussi recours à un volontarisme idéaliste. Par exemple, quand la Convention déclare la guerre le 20 avril 1792, elle la déclare à toutes les monarchies européennes pour répandre les idéaux de la Révolution. La troisième République face aux autres puissances, Prussienne et Britannique, choisit une politique colonialiste qui est aussi volontariste, avec le principal motif de répandre les principes démocratiques aux peuples indigènes africains.
Les années qui suivent la deuxième Guerre mondiale représentent un déterminant majeur de la politique étrangère française actuelle. Même si les conflictualités sont loin d’être terminées, nous sommes dans une période de reconstruction des pays européens. La France fait partie des premiers membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord pour lutter contre les républiques soviétiques. Elle fait aussi face aux mouvements dé-coloniaux en Indochine puis en Algérie. Factuellement, la quatrième République n’est pas bien préparée pour ces enjeux colossaux. Le général de Gaulle posera l’une des pierres angulaires de la politique étrangère française moderne, soit une politique volontariste et réaliste. Ce dernier pense que la France est limitée dans ses choix d’actions dans l’OTAN et veut une politique étrangère ambitieuse. Le 13 février 1960, le premier essai nucléaire, « Gerboise bleue », est testé dans le désert Algérien. La France, en effet, lie de près la théorie de la dissuasion nucléaire avec sa politique étrangère. En 1964, la France reconnait la Chine comme un réel état souverain. Et enfin, le 7 mars 1966, le général de Gaulle décide de quitter le commandement intégré de l’OTAN et les Etats-Unis ont un an pour retirer l’ensemble de leurs troupes sur le territoire français. Cette volonté du général de Gaulle, de quitter l’OTAN, a pour objectif de permettre à la France de préserver son « indépendance nationale » et son « autonomie stratégique ». Il est vrai qu’après ces choix le général de Gaulle entre plus aisément en dialogue avec l’Union des Républiques Socialistes Soviétique, mais pour autant sa position demeure toujours à l’Ouest. Le général de Gaulle prend bien conscience que l’enjeu pour la France est aussi de former une Europe des Nations qui n’aurait pu aboutir avec la politique de ses successeurs. Il essaiera aussi d’élargir le rapport avec les autres états, en développant une politique privilégiée avec l’Afrique.
Les présidents qui suivent, effectuent d’autres choix de politique étrangère. En effet, le président Giscard d’Estaing considère désormais que la France n’est plus « qu’une grande puissance moyenne de rayonnement mondial ». Mitterrand continue cette vision gaullienne de détermination mais il accentue le fait que la démocratisation du monde est une fin en soi. Cette vision de dépasser le clivage Est-Ouest, porte le nom de Gaullo-Mitterandisme. Toutefois, la France s’écartera de cette vision volontariste et réaliste, en s’engageant de plus en plus dans les principes du multilatéralisme, avec comme recommandations, un respect du droit international et des engagements internationaux. A la seule exception de 2003, où elle refusera de suivre les américains dans la guerre d’Iraq.
Le président Sarkozy quant à lui, confond la France avec l’Europe. Par exemple, concernant l’implication de la France en Afrique, il met de plus en plus en avant l’importance de la présence de l’Union Européenne. En 2007, c’est le retour de la France dans le commandement intégré dans L’OTAN, elle y sera très engagée. Le président Hollande poursuit aussi cette politique, tout en se tournant davantage vers une politique de résignation. Cette dernière consistant à refuser une partie de l’Histoire de France. Son successeur considèrera même la colonisation française comme un crime contre l’humanité.
Aujourd’hui, les décisions d’Emmanuel Macron concernant la guerre russo-ukrainienne marquent un réel tournant pour la politique extérieure française. Le président Macron a cherché une conciliation avec la Russie au début du conflit qui s’est avérée être un véritable échec. La France a quand même affirmé sa position. Elle aide économiquement et militairement l’Ukraine, mais à quel prix ? Il ne reste que des bribes de la politique étrangère Gaullienne, et la France reste très atlantiste malgré quelques dialogues avec la Russie. Le retour d’une vision plus élargie et moins atlantiste pourrait mener la France vers de nouveaux projets ambitieux. Cela dépendra des motivations mais aussi des intérêts présents et futurs de la France.
BTL
2 comments
Matthieu Derveaux
28 octobre 2022 at 15h24
Excellent petit article, bravo Lucas.
Lucas Perriat
17 novembre 2022 at 21h54
Bonsoir Monsieur,
Merci infiniment pour votre message. Nous avons équipe incroyable au sein de la Ruche qui nous concocte d’excellent article.
Bonne soirée