Si les Philippines ont fait parler d’elles à l’international, ce n’est pas pour leur excellente gestion de la crise comme ses voisins Coréens et Taiwanais, mais pour les propos chocs proférés par le Président de la République, Rodrigo Duterte, à l’encontre des personnes qui ne respectaient pas les règles de confinement.
Certains voient dans cette crise un moyen pour le président populiste de renforcer ses pouvoirs et de basculer dans une dérive autoritaire, comme c’est déjà le cas dans plusieurs pays tels que la Turquie ou la Hongrie. Pourtant une grande majorité de philippins salue les mesures prises par le chef de l’Etat. Les Philippines sont parvenus à contenir et à maitriser la propagation du virus, avec une gestion de la pandémie bien plus efficace que celle des pays occidentaux.
Coronavirus et chiffres-clés
Les Philippines et ses 7600 îles sont le troisième pays le plus touché d’Asie du Sud-Est, derrière la Malaisie et surtout l’Indonésie, avec 6,981 1 cas au 23 avril, soit 270 cas supplémentaires par rapport au 22 avril 2020, le tout pour une population totale de 110
millions d’habitants. Cela représente 5,78 cas pour 100 000 habitants, tandis que les chiffres pour la Chine et la France sont respectivement de 6,07 cas et 220,3. Le pays a eu à déplorer 462 morts liés au Covid-19. Cela représente 16 nouveaux décès par rapport au 22 avril. Pour 100 cas, cela représente 6,4 décès par cas, tandis que le rapport est de 5,52 en Chine et 12,15 en France. Sur ces 6981 cas, 3785 ont été recensés dans le Grand Manille, soit 55%, 818 à Calabarzon, et 285 à Luçon central, régions voisines de Manille. Partout ailleurs, le nombre de cas est inférieur à 100.
Anticipation et actions chocs : le pari gagnant de Duterte
Alors qu’en France, Emmanuel Macron a fortement été critiqué pour avoir tardé à réagir à la propagation du virus, il n’est pas possible d’en dire autant de son homologue philippin, qui a lui déconcerté par ses prises d’actions aussi surprises que soudaines.
Le dimanche 1er février, le chef de l’état philippin a annoncé dans un communiqué que le pays n’accepterait plus de voyageurs étrangers en provenance de Chine et qu’il interdisait à ses ressortissants de rejoindre l’empire du milieu. A peine quelques heures plus tard, les Philippines ont signalé le premier décès en dehors de la Chine d’une personne atteinte du coronavirus, devenant ainsi le premier mort lié à l’épidémie enregistré en dehors de la Chine.
Par la suite, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a multiplié les signaux d’alerte alarmants, déclarant le risque international comme « très élevé » début mars, puis qualifiant de « pandémie » l’épidémie de coronavirus Covid-19 le 11 mars. Deux jours plus tard, suivant l’exemple de l’Italie, premier pays de l’histoire à avoir mis en quarantaine toute une population dans un contexte épidémique, Rodrigo Duterte annonce à la surprise générale le « lockdown » de Manille alors que le pays compte à peine une cinquantaine de cas pour 109 millions d’habitants.
Le 15 mars, Duterte étend la quarantaine à toute l’île de Luzon, où vivent plus de la moitié des philippins, prévoyant par la même occasion la fermeture des aéroports et de toutes les lignes nationales et internationales à compter du 20 mars, laissant 72h aux étrangers ou aux philippins voulant rejoindre leur domicile pour s’en aller. Les autorités locales des autres îles lui emboîtent le pas, à commencer par la maire de la commune de Davao, qui n’est autre que sa fille. Cette dernière a pris la décision de fermer la ville aux visiteurs, les personnes se trouvant actuellement de passage dans la ville sans en être résidentes étant appelées à la quitter immédiatement.
En un temps record et alors même que le pays ne recense que 202 cas et 17 morts, la totalité des communications entre et à l’intérieur des îles sont coupées. Tous les déplacements et activités hors du domicile sont interdits sauf pour se ravitailler et acheter des médicaments. Les Philippines sont le premier pays d’Asie du sud-est à fermer leurs frontières au reste du monde et les décisions prises par le chef de l’état sont de loin les plus fermes et les plus spectaculaires prises par un dirigeant sud-est asiatique.
Le 17 mars, le gouvernement philippin a annoncé le « state of calamity » pour une durée de 6 mois. Suite à la forte augmentation des cas confirmés, le président Duterte a demandé au Congrès de tenir des sessions spéciales le 23 mars pour promulguer la loi Bayanihan qui « autoriserait le président à exercer les pouvoirs nécessaires pour prendre des mesures urgentes afin de répondre à l’urgence nationale actuelle liée à COVID-19 seulement pour trois mois, à moins que le Congrès ne la prolonge ». Cette loi permettrait au président Duterte de « réaffecter, réaligner et reprogrammer » un budget de plus de 5,3 milliards de dollars sur le budget national estimé à 8,5 milliards de dollars approuvé pour 2020, en réponse à la pandémie ; lui permettrait de « prendre temporairement en charge ou diriger les opérations » des services publics et des établissements de santé privés et autres installations nécessaires « lorsque l’intérêt public l’exige » pour la quarantaine, l’hébergement des professionnels de la santé, et la distribution et le stockage des secours médicaux ; et « faciliterait et rationaliserait » l’accréditation des kits de dépistage. Les deux projets de loi ont été adoptés à la quasi unanimité et le président les signait le lendemain.
Loin de s’arrêter à si peu, le premier avril, Rodrigo Duterte déclare
Cela empire. Alors une nouvelle fois, je vous fais part de la gravité du problème et vous devez écouter. Mes ordres à la police et à l’armée (…) S’il y a des troubles et qu’il y a une possibilité qu’ils ripostent, avec un risque pour vos vies, tuez-les par balle. (…) Est-ce bien compris ? Morts. Au lieu de causer des problèmes, je vais vous envoyer dans la tombe.
Le chef de l’État a également ajouté que toute maltraitance contre le personnel médical était considérée comme un crime grave. Ces annonces font écho à une manifestation contre le gouvernement fomentée par une vingtaine de personnes vivants dans les bidonvilles. Ces dernières accusent le gouvernement de ne pas fournir d’aide alimentaire aux plus démunis qui se voient dans l’obligation de mettre leur vie et celles de leur famille en péril pour pouvoir survivre.
Néanmoins, il n’est pas question de tuer toutes les personnes ne respectant pas le confinement, comme cela a été dit à tort dans de nombreux journaux, mais de donner le droit aux policiers de se défendre en cas de manifestations où ils seraient pris à partie et où leur vie
serait menacée. Les propos du président doivent également être pris avec des pincettes, le chef de la police, Archie Gamboa, tempérant et assurant que les policiers ne commenceraient pas à tirer sur les fauteurs de troubles. « Le président a probablement trop insisté sur l’application de
la loi en cette période de crise », a-t-il affirmé. Le pays est pauvre, avec un système de santé fragile et qui risque très rapidement d’être submergé en cas de propagation rapide du virus et les autorités du pays veulent à tout prix éviter la surcharge des hôpitaux, comme c’est le cas dans de nombreux pays.
Finalement, le 4 avril, il a annoncé la prolongation de la quarantaine de Manille et de l’île de Luzon au 31 mars, confiant que les deux dernières semaines seraient encore plus strictes que les précédentes afin de préparer au mieux la sortie du confinement. Malgré la dureté des mesures, d’après un sondage de statista 2 du 27 mars, 69% des personnes interrogées ont déclaré qu’il avait agi de manière appropriée, 23 % qu’il n’avait pas agi suffisamment, et 7 % qu’il avait réagi de manière excessive.
Etat des lieux du système hospitalier
Au début de l’épidémie, le système hospitalier philippin n’était pas préparé pour lutter contre l’épidémie. Le ratio médecin/patient aux Philippines est d’un médecin pour 33 000 patients. Il y a un lit d’hôpital disponible pour 1 121 patients philippins. Le budget de la santé est depuis plusieurs années consécutives réduit de plusieurs centaines de millions de dollars, avec une baisse de 197 millions sur l’année 2020. Le salaire moyen des infirmières et d’environ 320 dollars pour 48h de travail par semaine.
Le gouvernement philippin a très rapidement manqué de test de dépistage, et a durée moyenne d’attente pour avoir les résultats des test était de 6 jours. Si le ministère de la santé souhaite accélérer ce processus pour réduire le temps d’attente moyen à 3 jours, cette lenteur couplé au fait que le pays ne fait que très peu de dépistage font que les données philippines sont assez limitées et imprécises. Au 9 mars, seuls 2000 tests avaient été effectués et très peu de résultats étaient arrivés.
Depuis mars cependant, la capacité de test a été augmentée et il est possible de constater un ralentissement de la diffusion des résultats des tests. Le 3 avril, le Department Of Health (DOH) a annoncé son intention de procéder à des « tests de masse » strictement pour les patients à haut risque, les travailleurs de la santé, les futures mères, les personnels des organisations humanitaire telle que la Croix Rouge et les patients souffrant d’autres maladies. Le porte-parole du ministère, Rosario Vergeire, a déclaré que les « tests de masse » sont possibles « étant donné l’amélioration des capacités des laboratoires accrédités du pays ». Depuis le 6 avril, les différents laboratoires sont en capacités de procéder à 1700 test par jour et ce nombre augmente à mesure que le temps passe. Différentes villes tels Quezon City ou Valenzuela effectuent également des tests de masse ciblés. Cependant ces chiffres restent très éloignés des 25 000 tests opérés en France chaque jours et des 100 000 faits en Allemagne.
Si de tels progrès sont envisageables, c’est notamment grâce à l’aide étrangère et celle des organisations internationales. Les gouvernements de Chine et des États-Unis se sont engagés à soutenir la réponse du gouvernement philippin contre COVID-19. La Chine a annoncé qu’elle ferait don de fournitures médicales, dont 100 000 kits de dépistage, 100 000 masques chirurgicaux, 10 000 masques N95 et 10 000 ensembles d’équipements de protection individuelle. Les États-Unis ont également promis une aide de 2,7 millions de dollars pour aider les Philippines à développer des capacités de test adéquates et à assurer la disponibilité de fournitures médicales.
Cependant, le 28 mars, il a été révélé que certains des kits de test fabriqués en Chine n’étaient précis qu’à 40 % 3 dans les tests de détection des signes du coronavirus sur un patient suspect. Il est possible que la Chine envoie aux Philippines, comme elle le fait pour de nombreux appareils électroniques, des tests défaillants ou qui n’ont pas passé le contrôle de qualité. En règle générale, les produits chinois vendus aux Philippines sont de bien moindre qualité que les produits vendus en Europe.
En ce qui concerne les hôpitaux, le président a réquisitionné la totalité des hôpitaux privés qui représentent 75% des capacités hospitalières du pays. 2248 lits d’isolement sont encore disponibles, soit plus de 70% de la capacité totale, et 477 lits d’Unité de Soin Intensif (USI) sont également disponibles soit plus de 80% de la capacité totale. Plus de 90% des respirateurs, outils essentiels dans la lutte contre le virus pour les patients en phase de réanimation, sont également à disposition, soit 580 unités. Les stocks d’équipements nécessaires pour lutter contre le Covid-19 ne sont pas en saturation pour le moment, mais ils restent limités et une pénurie de masques médicaux a été signalée dans différentes régions du pays en raison des inquiétudes liées à la pandémie. Les médecins des Philippines ont déploré la pénurie d’équipements de protection individuelle (EPI) dans le contexte de la pandémie. Le vulnérable système de santé philippin est pour l’instant loin d’être surchargé, au contraire des systèmes européens.
Il ne faut néanmoins par surestimer les capacités des hôpitaux philippins, qui à la moindre flambée du virus risquent d’être très rapidement dépassés et qui n’ont pas les moyens matériels, financiers et d’extension des hôpitaux occidentaux. Par ailleurs, la répartition de ces hôpitaux est également à prendre en compte. La plupart des hôpitaux sont à Manille, et si les grandes villes telles que Davao ou Cebu City possèdent aussi des hôpitaux performants, ce n’est pas le cas de toutes les régions. Très peu de campagnes sont dotées d’hôpitaux et certaines villes ont des hôpitaux en piteux état.
Il était donc absolument nécessaire de prendre des mesures radicales avant que le virus ne se propage en dehors de la capitale, sans quoi des villes entières et de nombreux villages auraient été décimés par l’épidémie sans aucun accès aux soins de santé.
Quelle réaction économique au confinement ?
Le gouvernement a prévu environ 23 milliards de dollars de financement – soit environ 5 à 6 % de son produit intérieur brut – pour les soins de santé et les efforts économiques
a déclaré M. Dominguez, ministre des finances. Il a ajouté que les Philippines prévoyaient un plan de relance « rebond » pour sortir l’économie des dommages causés par la pandémie. Les prévisions du gouvernement Philippin restent bien plus positives que les prévisions européennes qui s’attendent à une véritable récession de plus de 8%. « Nous prévoyons une croissance négative de zéro à peut-être 0,8 % cette année ». 4
A écouter le gouvernement philippin, la situation semble maitrisée, et s’ils sont revenus sur leurs prévisions du début d’année qui tablaient pour une croissance supérieure à 5% sur l’ensemble du pays, c’est à peine s’ils prévoient un léger ralentissement de leur économie. Pourtant, cette vision semble à des années lumières de la réalité. Les mesures de quarantaine ont entraîné la fermeture de la plupart des entreprises et l’arrêt de presque toutes les activités sociales, religieuses et commerciales.
Le Congrès des syndicats des Philippines estime qu’environ 7 millions de personnes pourraient perdre leur emploi au cours du premier semestre 2020 en raison de la pandémie, sachant que plus de 700 usines ont été fermées. Sans système de chômage, il est facile d’imaginer les conséquences pour les populations les plus démunies.
L’industrie du tourisme, secteur fortement impacté par la pandémie, est un contributeur majeur, représentant 12,7 % de l’économie philippine en 2018, selon les données de l’Autorité des statistiques des Philippines. Plus de sept millions de touristes étrangers ont visité le pays au cours des dix premiers mois de 2019, les touristes chinois représentant la majorité de la population touristique des Philippines.
Le ministre de l’agriculture William Dar a assuré qu’il n’y aurait « aucune pénurie de riz pendant la durée de la quarantaine communautaire renforcée et au-delà » car « la récolte est déjà en cours ». Pourtant, les Philippines sont le plus grand importateur de riz au monde, important notamment 25% de son riz du Vietnam qui a d’ores et déjà arrêté la majorité de sa production. A terme, les Philippines finiront donc forcément par être impactées. Les conserveries de poisson de Zamboanga City, qui fournissent 85% des conserves de poisson du pays ont annoncé qu’elles réduiraient la production de conserves de poisson aux Philippines de 50 à 60 % en raison du confinement.
Les réalités sociales et économiques
Le 23 mars, le président Duterte a signé une ordonnance accordant que les fonctionnaires et employés de première ligne du gouvernement reçoivent une indemnité journalière de risque de ₱500 soit un peu moins de 10 euros. Les Philippines ont annoncé qu’elles allaient allouer 200 milliards de pesos (3,6 milliards d’euros) de subventions d’urgence à 18 millions de ménages pauvres. Les familles recevront de 5 000 P (90 euros) à 8 000 P (145 euros) pendant deux mois sur la base des taux de salaire minimum journalier dans leurs régions respectives.
Malgré sa propagande médiatique affirmant qu’ils sont préparés pour continuer le confinement jusqu’à fin mai, le gouvernement ne livre que 5 kilos de riz et 6 conserves par famille toutes les deux semaines. Largement insuffisant donc sachant qu’il n’est pas rare qu’une famille philippine soit composée de plus de 10 personnes.
« Les gens sont prêts à respecter le confinement, mais ils ont peur de voir leurs enfants pleurer de souffrance, assaillis par la faim. Il y a un risque très grand que de nombreux citoyens désobéissent au gouvernement pour pouvoir nourrir leurs familles. Ici les gens vivent principalement de la pêche et de ce qu’ils arrivent à attraper tous les jours »
m’a confié une résidente de Bacacay, dans la région de Bicol, qui n’a pas souhaité que son nom soit mentionné par crainte de représailles.
Les économistes de l’université Ateneo de Manila estiment que 57 % de la main-d’œuvre du pays pourrait être déplacée d’ici la fin du premier trimestre 2020. Elle comprend environ 15 millions de travailleurs à Luzon qui ont été licenciés en raison de la quarantaine communautaire renforcée, dont environ quatre millions sont basés dans la région métropolitaine de Manille, ainsi qu’environ 4,3 millions de travailleurs dans les Visayas et 4,3 millions à Mindanao.
En plus de cela, aux Philippines, la très grande majorité des habitants vivent de leur activité quotidienne et il est rare qu’ils aient un salaire mensuel. Les principaux secteurs d’activités en province sont le tourisme, le transport (chauffeurs de jeepneys, tricycle, Grab ou taxi), et la pêche ou l’agriculture, tout autant de secteurs complètement mis à mal par le confinement.
Dans la capitale, ce sont plus de 6 millions de personnes,5 soit 40% de la population de la capitale, qui vivent dans des bidonvilles ou des quartiers défavorisés avec un accès limité à l’eau courante et à l’électricité. Ces dernières pâtissent des mesures gouvernementales strictes. Face à ce risque, Rodrigo Duterte et la police envoient en prison les personnes qui ne respectent pas le confinement, méthode pour le moins paradoxale que d’entasser des dizaines de personnes dans une cellule pour lutter contre la propagation du virus.
L’épidémie creuse et rend encore plus visible la fracture sociale entre riches et pauvres. Pendant que plusieurs députés et sénateurs se permettent de se faire dépister alors qu’ils ne présentent aucun symptômes, une grande partie de la population meurt de faim et vit dans la délinquance pour pouvoir survivre. L’approche militariste des Philippines face à la pandémie punit les pauvres. Pour ces derniers, le confinement les a laissés sans nourriture ni revenus. Ils risquent d’être mis en détention s’ils s’aventurent à trouver l’un ou l’autre. Si les mesures sont bonnes et l‘épidémie maitrisée, les moyens économiques n’y sont pas et une crise humanitaire et sociale se profile dans le pays.
Malgré l’appel du président aux philippins de mener « le combat de [leur] vie », pas sûr que la bonne volonté et la peur de finir en prison ne suffisent à compenser l’absence de nourriture dans les assiettes et le ventre vide des enfants mourant de faim. Il est trop tôt pour juger du réel impact qu’aura la crise sur la société philippine, cependant il est probable que les populations les plus démunies souffrent plus de la politique stricte et drastique du président que de l’épidémie.
Thomas Cuny
[1] : https://www.worldometers.info/coronavirus/country/philippines/
[3] : https://news.abs-cbn.com/news/03/28/20/some-test-kits-sent-from china-only-40-percent-accurate-doh